Les 5 M
Oubliez les interdits
Les "5 M". Voici une expression bien bizarre pour les non initiés ! Il ne s'agit pas d'une pratique secrète mais tout simplement de cinq éléments que la tradition indienne retient dans ses pratiques. La lettre "M" correspond à l'initiale de mots sanscrits : Mamsa (la chair), Matsya (le poisson), Madya (le vin) Mudra (le grain), Maithuna (la relation sexuelle). Le Panchamakara, est le rituel des 5 M. Dans la tradition indienne, le chiffre 5 organise la vision du monde, et tout est divisé en cinq catégories : non seulement les 5 sens que nous connaissons bien, les 5 éléments (eau, terre, feu, air et éther), mais aussi les 5 directions (on ajoute aux quatre directions qui nous sont familières, une cinquième, le centre)... et cela se décline dans des centaines de domaines.
Pour les ascètes, ces 5 M étaient considérés comme des poisons dont ils s'interdisaient la consommation, moins pour des raisons philosophiques, que parce qu'ils pensaient que leur consommation - et surtout leur abus - pouvait perturber leur méditation : une nourriture trop riche, de l'alcool, ou des ébats sexuels, risquaient de les éloigner de leur but, voire de leur faire perdre conscience, notamment en les incitant par exemple à s'endormir. Ces restrictions ont été adoptées, en tout ou partie, par de nombreux religieux, toujours pour les mêmes raisons, un autre motif venant s'y greffer : celui de ne pas dépenser pour ces 5 M des richesses qui devaient revenir à la communauté : par exemple avoir des enfants, une conséquence logique de l'acte sexuel, impliquait ensuite de devoir dépenser pour eux de l'argent (nourriture, vêtements, éducation...), et de leur assurer un avenir, au détriment donc de l'Institution.
Un certain nombre de personnes cherchent actuellement à vivre selon ces principes, pensant qu'il s'agit d'une purification bienfaisante censée donner une vie meilleure, et, pour ceux qui méditent, d'un prélude à une méditation devant conduire à l'éveil. Cela touche de nos jours essentiellement la nourriture, avec l'illusion de ne pas nuire aux autres créatures qui vivent sur la terre en pratiquant cette "règle" : le végétarisme et son dérivé le véganisme en sont la manifestation la plus connue.
Dans la tradition bouddhiste, le Bouddha, après avoir pratiqué les ascèses les plus extrêmes a considéré que cela n'amenait pas à l'éveil et n'apportait rien. Le tantrisme s'oppose fondamentalement aux pratiques ascétiques, tout en respectant ceux qui s'y adonnent : il n'exclut personne et accepte fondamentalement les différencers de sexe, d'âge, de couleur de peau, de religion... Il pense que la libération de l'esprit commence par la libération des tabous qui empoisonnent l'existence, or tous les interdits sont autant de tabous. Dans sa revendication de libération et de liberté qui l'ont toujours fait mal voir des autorités et des sociétés organisées, il n'impose aucun contrainte, à partir du moment où un choix ne nuit pas aux autres. S'il vous nuit à vous, comme l'excès de boisson par exemple, vous en paierez les conséquences... Ce n'est que si vous souhaitez mener une vie monacale que le respect de ces interdits s'imposera.
La nourriture, si possible équilibrée, est indispensable à la vie, et surtout au développement. Supprimer la viande, le poisson, les laitages, ou certains légumes provoque naturellement un déséquilibre que seuls les plus riches peuvent compenser en achetant des produits de substitution. De toute manière, les animaux, comme les plantes... et les êtres humains, finissent tous par mourir un jour, et servent de nourriture à d'autres créatures. Toute vie se nourrit de la mort. Voilà pourquoi le tantrisme vous laisse libre, et vous encourage au contraire à profiter de tous les plaisirs de la vie, car il considère que cette vie est merveilleuse. Il s'agit d'une philosophie du bonheur, non de la souffrance, et il pense que c'est déjà dans ce monde qu'il faut trouver le bonheur, non dans un autre que personne ne connaît. La pratique tantrique, même et surtout lors de rituels, encourage à transgresser ces interdits.
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